Le Blues de Chicago



Issu de la migration vers le nord pour des raisons surtout économiques, il a connu deux périodes distinctes : l’avant et l’après guerre. Plus sophistiqué et travaillé dans la composition que le blues du Delta, il sera à l’origine d’un grand succès populaire.

The blues are the roots
The rest are the fruits – Willie Dixon



Les débuts : l’avant seconde guerre mondiale

En raison de la grande dépression de 1929, bons nombres de gens pauvres quittèrent les terres du sud pour se diriger vers les régions du nord, plus industrielles, et en particulier Detroit et Chicago, bien desservis par le train qui remontait la rivière Mississippi. De grands artistes du sud arrivèrent ainsi à Chicago, tels Leadbelly ou Blind Lemon Jefferson. Une autre raison à cette migration est la prohibition : de nombreux pianistes de blues travaillaient plus particulièrement dans les bars et clubs et la fermeture de beaucoup de ceux-ci à cause de la prohibition amena certains de ces pianistes à monter vers le nord où ils trouvèrent naturellement leur place dans les groupes de blues. Le producteur Lester Melrose saisit cette opportunité et ouvre les studios Melrose où il enregistre les premières vedettes : Lonnie Johnson, inventeur du flat-picking (jeu de guitare note à note qui va faire évoluer la guitare blues d’une fonction rythmique vers une fonction soliste), T-Bone Walker et Big Bill Broonzy.


L’apogée : la fin de la seconde guerre mondiale

En 1947 les frères Phil et Leonard Chess, immigrants polonais arrivés aux Etats Unis en 1928, s’installent à Chicago et ouvrent, avec l’aide de Willie Dixon, les studios Chess qui supplanteront rapidement ceux de Melrose. A partir de ce moment tous ceux qui comptent dans le milieu du blues de Chicago enregistreront un jour ou l’autre chez eux. Alors que John Lee Hooker se dirige vers Detroit, Elmore James, Howlin’ Wolf et Muddy Waters quittent ainsi leur sud pour apporter un blues plus agressif à Chicago et détrôner les vedettes anciennes adeptes d’un blues trop démodé aux yeux du public noir car rappelant une condition de peuple esclave qu’ils souhaitent oublier. Par la suite des artistes comme Jimmy Reed, BB King, Buddy Guy, Albert King ou Freddy King feront évoluer petit à petit le blues dans un style très électrique qui emprunte certaines particularités du rock’n’roll en faveur auprès du public blanc. Cette évolution attirera un public blanc de plus en plus nombreux au détriment du public noir qui abandonne petit à petit la musique de ses ancêtres et préfigure le blues revival des années soixante.


Le style blues de Chicago.

La grande particularité du blues de Chicago est d’avoir unifié les différents styles blues de l’époque (principalement le blues rural traditionnel et le blues urbain naissant) tout en y apportant son aspect électrique. C’est un blues électrique et joué en groupe. Le calibrage des chansons prévu pour l’enregistrement rend sa composition plus soignée et la présence de plusieurs instruments fait évoluer l’aspect rythmique de la musique vers une partie soliste avec des improvisations pour chaque instrument sur scène (y compris pour la basse et la batterie) Ce blues s’avère être beaucoup plus musical et dansant que ses prédécesseurs grâce à l’adjonction de nouveaux instruments (parfois même des cuivres empruntés au jazz) et le fait de jouer en groupe ce qui lui assurera un succès immédiat.


Quelques Noms

Big Bill Broonzy (1893-1958)
Willie Dixon (1915-1992)
Buddy Guy (1936)
Howlin’ Wolf (1910-1976)
Elmore James (1910-1963)
JB Lenoir (1929-1967) qui se signala par un blues avec des textes plus politiques, en particulier Eisenhower Blues et Korea Blues
Magic Slim (1937)
Jimmy Reed (1925-1976) dont le style proche du boogie-woogie est plus chaleureux que celui des blues classiques
Otis Rush (1934)
Muddy Waters (1915-1983)
Sonny Boy Williamson (1914-1948)






Discographie Sélective